Tokugawa Yoshinobu, 15e et dernier shôgun de la dynastie Tokugawa, fut un personnage entre deux époques, né dans un pays féodal fermé sur le monde il vécut jusqu’au début du XXe siècle dans un pays renouvelé et ouvert. Il a été un des acteurs principaux de ce changement et son rôle continue à alimenter le débat : impuissant pour certains, coupable pour les autres, héroïque ou au contraire lâche. Le destin du dernier shôgun ne laisse toujours pas indifférent au Japon.
Eduqué pour régner
Un père ambitieux avec de grands projets
Yoshinobu n’aurait jamais dû être shôgun, il a pourtant été éduqué pour être bien plus que son statut de naissance. Le jeune Shichimaro est né en 1837 dans la famille des Tokugawa de Mito. On le connaît sous le nom adulte de Yoshinobu mais à l’époque il était plus souvent appelé Keiki, une prononciation chinoise et lettrée de son nom qui était aussi plus respectueuse (utiliser directement le nom d’une personne de haut rang pouvait être considéré comme une insulte). Les Mito-Tokugawa faisaient partie des Gosanke, trois familles issues de cadets de Tokugawa Ieyasu qui pouvaient succéder à la tête du clan shogunal en cas d’extinction de la branche principale. Ces trois familles avaient cependant été rétrogradées avec la fondation des Gosankyô, trois nouvelles branches successorales qui avaient la priorité. Autrement dit, le jeune Shichimaro était un cousin éloigné des shôguns avec très peu de chance d’être appelé à diriger le bakufu.
C’était compter sans son père, Tokugawa Nariaki. Ce dernier est souvent décrit comme un personnage désagréable et vindicatif mais aussi ayant une haute opinion de son rôle dans l’histoire. Ce n’est pas un hasard, le domaine de Mito a accueilli une grande école de pensée, le Mitogaku, fondé par son ancêtre Mitsukuni au milieu du XVIIe siècle. Le Mitogaku étudiait l’histoire, la morale, la philosophie et produisit une grande histoire du Japon intitulée le Dai-Nihon-shi. Cette école de pensée était fondée sur les principes néo-confucéens et le shintô. Pour simplifier, le Japon avait été fondé par les dieux dont le tennô était le descendant et l’intermédiaire, sa société reposait sur un ordre féodal confucéen aux moeurs strictes.
L’école de Mito militait ainsi pour un retour du pouvoir à l’empereur sous la conduite des domaines féodaux, elle était aussi critique des Tokugawa comme ayant été incapable de respecter l’empereur, de tenir éloignés les barbares étrangers et d’avoir ruiné les domaines féodaux. Cette idéologie, conservatrice et fermée sur le monde, inspirée du kokutai médieval servit, avec l’école kokugaku, de base au futur nationalisme japonais de l’époque Meiji. Avant l’ouverture du Japon, ce courant de pensée avait gagné de plus en plus de soutiens parmi les grands domaines féodaux face à l’incompétence et la stagnation à la fois politique et économique du bakufu du début du XIXe siècle. Le régime semblait ne plus pouvoir se réformer et se renouveler, l’idée d’un changement futur n’était pas éloignée des esprits, même si elle restait inexprimable. Nariaki était un Tokugawa mais aussi un opposant très bruyant du bakufu, il avait pour ambition de faire de ses fils des samurais parfaits et les instruments du changement qu’il appelait de ses voeux.
La biographie de Yoshinobu regorge d’anecdotes sur la sévérité de son éducation, la plus célèbre étant les sabres disposés autour de son futon pour l’empêcher de bouger durant son sommeil (apparemment cela aurait été contraire au bon comportement confucéen et à la maîtrise de soi). Eduqué dans les classiques confucéens mais aussi aux arts martiaux et à la conduite de la guerre. Yoshinobu en hérita certainement un grand contrôle de soi mais aussi une grande rigidité de pensée qu’on lui reconnaîtra plus tard. Le jeune garçon montrait des prédispositions, on le proclama aussitôt génial en vantant ses futurs accomplissements. Yoshinobu devait rien de moins que de devenir un nouveau Ieyasu pour son père, capable de corriger les errements du bakufu. La comparaison était déjà faite de son vivant et même chez ses adversaires on appelait à la méfiance face à ce second Ieyasu.
Des circonstances favorables
Nariaki avait donc des ambitions pour son fils, celui-ci n’était cependant pas l’aîné appelé à lui succéder mais il avait des plans pour lui. Il était de tradition à l’époque pour un clan sans héritier de demander au shogunat d’en adopter un. Chez les Tokugawa cela se faisait généralement entre les différentes branches du clan et le shogunat y voyait un très bon moyen de contrôler les domaines influents. Le shôgun Ienari avait ainsi fait adopté des dizaines de ses nombreux enfants qui, en prenant la tête de clans vassaux, assurèrent la mainmise du bakufu sur ces clans.
Les Hitotsubachi, une des branches des Gosankyô qui avait déjà fourni des shôguns par le passé, avait besoin d’un héritier. Nariaki parvint à convaincre le shôgun Ieyoshi de choisir son fils cadet, un exemple de rectitude dont les capacités intellectuelles étaient déjà largement vantées. La question était politiquement importante car même si le shôgun avait un héritier, un Hitotsubachi compétent soutenu par Mito resterait un candidat potentiel et pourrait assumer des responsabilités importantes au sein du bakufu. En 1847, le jeune Shichimaro fut autorisé à succéder à la tête du clan sous le nom d’Hitotsubachi Yoshinobu dont le premier kanji avait été offert par le shôgun lui-même, signe de sa faveur.
Ieyoshi semble d’ailleurs avoir voulu évaluer le jeune garçon en le visitant régulièrement car son héritier, Tokugawa Iesada lui procurait des inquiétudes par sa mauvaise santé. Ieyoshi envisagea probablement la possibilité de nommer directement Yoshinobu comme héritier mais le conseil des rôjû, l’organe exécutif du bakufu finissant composé de conseillers héréditaires et dirigé alors par Abe Masahiro, y mit son véto en argumentant que cela irait contre la tradition confucéenne conseillant une succession directe de père à fils aîné (qui n’avait jamais été une règle incontournable). Il y a là une autre caractéristique de la vie de Yoshinobu, l’opposition constante qu’il subit même au sein de son propre clan.
Tout sauf Yoshinobu
Même si l’argument d’Abe Masahiro contre Yoshinobu se justifiait il était aussi motivé par d’autres raisons, principalement le rejet de Nariaki. Si Yoshinobu devait succéder à Ieyoshi, alors Nariaki, en tant que père naturel du shôgun, serait devenu le véritable homme fort du bakufu. Les idées de Nariaki et du Mitogaku allaient à l’opposé de ce que les rôjû et le bakufu en général représentait. Ils craignaient que Nariaki ne détruise purement et simplement le shôgunat en menant une réforme en faveur de l’empereur et des domaines contre le pouvoir centralisé d’Edo. Par conséquent, tout aurait été mieux que Yoshinobu.
En 1853, le shôgun Ieyoshi décéda et laissa la place à Iesada mais ce n’était que le cadet des problèmes du bakufu. Alors même que le shôgun agonisait le navires kurofune du commodore américain Perry arrivaient en baie de Tokyo, porteurs d’une demande d’ouvrir les ports du Japon. Les rôjû négociaient en la personne de Hotta Masayoshi, qui avait remplacé Abe. L’année suivante en 1854 était signée la convention de Kanagawa qui ouvrait des ports aux navires étrangers.
La décision fit proprement hurler Nariaki, qui n’hésita pas à publier ses raisons pour refuser l’ouverture du Japon et pourquoi le Japon devait faire la guerre aux étrangers pour défendre le sol sacré de la patrie. Nariaki devint, plus que jamais la voix de l’opposition favorable à l’empereur et hostile aux étrangers, le Sonnô Jôi. Il fut nommé responsable de la défense côtière du Japon afin de le calmer et donner des gages à ses partisans, mais cela ne suffit pas. Dans les années qui suivirent le Japon se divisa entre les partisans du shogunat favorable à une politique de compromis avec l’étranger, et les partisans de l’empereur devenant de plus en plus véhéments et rejoints par les domaines tozama de l’Ouest ravis de voir le bakufu en difficulté. L’empereur Kômei lui-même était hostile à l’ouverture du pays, peu conscient des évolutions du monde. Le tennô, signe des temps, fut consulté par le bakufu pour confirmer les décisions du bakufu. Il fut dès lors perçu comme une alternative politique au shôgun, puisqu’il était le véritable souverain à consulter en dernier ressort, sous la conduite d’un conseil de nobles et de daimyôs, Nariaki en tête. Yoshinobu semblait n’être que le candidat de son père.
Tokugawa Iesada étant un shôgun faible et malade, la question de sa succession n’en devint que plus âpre. Les partisans de l’empereur appelaient de leur voeux la candidature de Yoshinobu comme un moyen de mettre Nariaki aux affaires. Les partisans du bakufu voulaient l’éviter à tout prix et mirent en avant la candidature de Tokugawa Yoshitomi de Kii (un autre des Gosanke). La majorité des membres de la cour shogunale s’opposait à Yoshinobu, ils étaient dirigés par Ii Naosuke, un de ses membres les plus influents. La mort d’Abe Masahiro et de Shimazu Nariakira (le daimyô de Satsuma) en fit la figure dominante du bakufu sous le titre de Tairô (une sorte de premier ministre exceptionnel) lui permettant d’arbitrer la succession en faveur de Yoshitomi qui prit le nom de Tokugawa Iemochi.
Il signa ensuite, de sa propre autorité le traité d’amitié et de commerce avec les Etats-Unis puis les autres puissances étrangères en 1858. L’absence d’approbation impériale rendit Nariaki furieux, il se rendit jusqu’au château d’Edo avec Yoshinobu et Matsudaira Yoshinaga pour demander des comptes directement au Tairô. Le geste était inédit, le bakufu ne rendait de compte à personne, Nariaki violait ainsi toutes les règles et insultait le gouvernement. Cela suffit à Naosuke pour faire emprisonner Nariaki et Yoshinobu sous forme de résidence surveillée. Cette mesure impliquait que le coupable devait s’enfermer lui-même, barrer les accès de sa résidence ainsi que toutes les ouvertures et rester cloîtrer sans activité ni divertissement sous bonne garde. Cela marqua aussi le début des purges d’Ansei où le Tairô fit rechercher les sympathisants du Sonnô Jôi sans égard pour leur rang. Nariaki n’appliqua pas sa résidence surveillée scrupuleusement mais son fils, éduqué dans la rigueur, s’y astreint à la lettre pendant deux ans. Peu de temps après, Iesada décéda et Tokugawa Iemochi devint le 14e shôgun.
Le fossoyeur du régime
Le régent
Tokugawa Nariaki décéda dans sa résidence de Mito en 1860. Iemochi était shôgun depuis deux ans, Naosuke contrôlait la situation, les étrangers étaient fermement installés dans le nouveau port de Yokohama et la mort de Nariaki semblait marquer la fin de l’opposition, Yoshinobu était considéré comme quantité négligeable mais restait en résidence surveillée.
Ii Naosuke fut assassiné par des rônins à sa sortie du château d’Edo la même année, il s’était attiré la haine des partisans du Sonnô Jôi par sa répression et on comptait des samurais de Mito parmi ses assassins. Ceux-ci avaient comploté sans l’accord de leur seigneur, le frère de Yoshinobu, dirent-ils mais sans que personne puisse le confirmer. Yoshinobu et d’autres furent libérés peu après. Dans les mois et les années qui suivirent le Sonnô Jôi bascula dans le terrorisme en assassinant des partisans du shogunat ou simplement de la modernisation (comme Sakuma Shôzan) ou même des Occidentaux de Yokohama isolés. Dans les provinces, plusieurs domaines voyaient se lever des milices pro-impériales comme à Tosa sous la conduite de Takechi Hanpeita ou passaient directement sous le contrôle d’éléments prêts à en découdre comme dans le domaine de Chôshû (préfecture de Yamaguchi).
Le shôgunat devait faire des compromis, promettant de réviser les traités et la présence des étrangers ils purent réaliser le souhait profond de Ii Naosuke, fonder une alliance Edo-Kyôto, le Kobu Gattai par un mariage dynastique. La princesse Kazu-no-Miya, soeur de l’empereur Kômei, devait épouser le shôgun Iemochi. La mésalliance choqua et bouleversa les partisans de l’empereur mais celui-ci y trouvait son compte et un rôle indirect dans les affaires nationales. Il en profita pour pousser les hommes qu’il jugeait lui être favorables : un émissaire impérial demanda et obtint la nomination de Matsudaira Yoshinaga de Fukui comme Tairô et de Hitotsubachi Yoshinobu comme gardien du shôgun (Shogun Kokenshôku). Yoshinobu entrait au gouvernement en devenant pratiquement le régent de son cousin. Le bakufu venait rien de moins que d’obéir à un ordre de l’empereur.
Cela aurait dû être un triomphe pour les partisans de l’empereur mais ils négligeaient deux détails : Yoshinobu n’était pas Nariaki et il restait un Tokugawa. Les témoignages écrits de Yoshinobu même montrent que dans les années précédentes il avait demandé à son père de ne pas le pousser à la tête du shogunat. Il ne semble même pas avoir ressenti animosité particulière contre les étrangers au contraire de la xénophobie affichée de son père. Il restait néanmoins un produit du Mitogaku et respectait l’empereur, souhaitant réformer le shogunat pour lui donner plus de place mais sans pour autant déposséder ou nuire à la puissance du clan Tokugawa. Yoshinobu était dans la position difficile de révérer l’empereur tout en conservant la position des Tokugawa.
Le nouveau gouvernement se lança dans des réformes importantes, il abolit le système du Sankin Kôtai qui contraignait les daimyôs à résider à Edo une année sur deux et à y laisser leurs familles en otages. Il établit un bureau de « Protecteur de Kyôto (de la cour plutôt) attribué à Matsudaira Katamori d’Aizu. Mais dans le même temps le même Katamori commença à officialiser les milices de rônins (notamment le Rôshigumi, futur Shinsengumi) qui devait chercher et éliminer les partisans du Sonnô Jôi. Il encouragea aussi des réformes visant à réformer et moderniser l’armée shogunale avec l’aide étrangère, il laissa les mêmes étrangers préparer des expéditions punitives contre Satsuma et Chôshû à la suite des assassinats de leurs ressortissants. En préparation de la venue de Iemochi à Kyôto pour présenter ses respects à l’empereur (là encore un évènement inédit) il tenta d’empêcher ce dernier d’ordonner l’expulsion et la guerre contre les étrangers, finalement annulant la visite du shôgun. Dans les faits Yoshinobu gouvernait Kyôto d’une main de fer, contrôlant la cour et ses communications.
En 1864, le clan de Chôshû tenta d’enlever l’empereur Kômei en envahissant le palais impérial afin de le « libérer ». Yoshinobu était suffisamment au courant du projet pour le prévenir. La bataille des portes Hamaguri (ou révolte de Kinmon) vit les troupes de Yoshinobu et de Satsuma assistées du Shinsengumi repousser les rebelles de Chôshû qui furent ensuite pourchassés. L’incident retourna proprement l’empereur Kômei qui n’apprécia pas la menace directe sur sa vie et ordonna la suppression de Chôshû, de manière plus large l’expédition navale alliée sur Chôshû et la répression permirent de renforcer le shogunat et affaiblir ses opposants. Il parvint même à obtenir l’approbation impériale pour les traités d’amitié et de commerce de 1858. Yoshinobu était passé de champion du Sonnô Jôi à grand persécuteur de la cause.
Le shôgun éphémère
Après 1864, la situation au Japon se calma en apparence et le pouvoir shôgunal sembla se stabiliser. Le pouvoir de Yoshinobu en tant que régent était cependant encore limité par l’influence des grands domaines comme Satsuma. Il était aussi limité par sa propre personnalité, chef de clan éduqué à commander, il semble avoir eu du mal à passer des compromis. Il savait manipuler mais son ton cassant et rigide lui aliénait de nombreuses sympathies au sein même du bakufu. Il parvint néanmoins à amorcer la modernisation du shogunat avec l’aide du consul français Léon Roches qui était convaincu que la France devait s’allier au shogunat (au contraire de la Grande Bretagne qui paria sur l’empereur). Il devait en découler une mission militaire arrivée en 1866 et la construction du premier arsenal naval de Yokosuka établit la même année par Léonce Verny. Yoshinobu recherchait la reconnaissance internationale en préparant aussi la participation japonaise à l’exposition universelle de Paris en 1867 où il envoya son propre frère Tokugawa Akitake, pour le représenter. Les historiens actuels considèrent cette période de gouvernement par Yoshinobu comme le début effectif de la modernisation du Japon.
Shôgun en tous points sauf en titre il le devint avec la mort sans enfant du jeune Iemochi, qui n’avait que 20 ans en juin 1866. Yoshinobu avait encore ses opposants qui tentèrent de proposer un candidat alternatif comme shôgun en la personne du chef de la maison Tayasu (des Gosankyô) qui avait été adopté par Iemochi, qui lui-même n’appréciait par Yoshinobu, mais il s’agissait d’un enfant de 3 ans. Yoshinobu était le candidat naturel mais il refusa le poste jusqu’en décembre 1866. Il rejetta les appels de plus en plus pressants des rôjû et du bakufu pour finalement s’incliner devant un ordre impérial direct. On peut y voir le respect de Yoshinobu pour l’empereur mais aussi une manoeuvre pour se rendre inévitable et montrer que son accession à la tête du shogunat répondait à un voeu unanime.
Yoshinobu resta shôgun moins d’une année jusqu’à son abdication de novembre 1867. La tendance s’était déjà renversée. Chôshû s’était alliée à Satsuma et les anciens Sonnô Jôi s’étaient depuis 1864 convertis à la modernisation militaire. Leurs achats d’armes auprès des marchands britanniques remettaient en cause la supériorité shogunale et sa capacité à imposer l’ordre. Plus grave, l’empereur Kômei décéda en janvier 1867 alors que Yoshinobu prenait ses fonctions. Le nouvel empereur, Meiji, était un garçon de 14 ans qui ne pouvait contrôler la noblesse.
Yoshinobu contrôlait les principaux postes d’influence à la cour par ses alliés mais une grande partie de la noblesse lui était hostile, elle se retrouvait autour d’Iwakura Tomomi qui était lié au clan de Chôshû qui venait de s’allier à Satsuma. L’alliance Sat-chô et les autres clans anti-bakufu formant la faction Tobakuha (« renverser le bakufu ») exerçaient la pression sur la cour et commençèrent à comploter. Leur intention était de réunir des troupes autour de Kyôto, prendre le contrôle du palais et convaincre le jeune empereur d’ordonner le renversement du shogunat. Cela aurait déclencher une guerre civile. N’ayant pas les moyens politiques de contrecarrer ces plans, Yoshinobu prit l’initiative. Le clan de Tosa, qui avait une position intermédiaire entre les deux camps, proposa le 29 octobre (selon un plan de Sakamoto Ryôma) de rendre le pouvoir à l’empereur (Taisei Hôkan), ce que Yoshinobu annonça le 9 novembre et fut accepté par l’empereur le lendemain. Le shôgun venait de lui-même d’abolir son propre régime politique, coupant l’herbe sous le pieds de ses ennemis.
Il n’avait cependant pas l’intention de quitter le pouvoir. Le Taisei Hôkan devait mener à la réunion d’une assemblée de grands daimyôs qui furent convoqués à Kyôto au nom de l’empereur et sous la présidence de Tokugawa Yoshinobu. Ce dernier, en tant que « Ue-sama » et non plus shôgun (il abandonna le titre officiellement le 19 novembre) devait continuer à mener le gouvernement et la diplomatie entre temps. Seuls les Tokugawa avaient l’expérience du gouvernement et les contacts avec les consulats, il était irréaliste de se passer d’eux dans le futur et c’était bien à cette conclusion que Yoshinobu voulait faire parvenir l’empereur et la cour. Il était indispensable.
La guerre du Bôshin
Pour la faction Tobakuha, le coup de théâtre de Yoshinobu leur ôtait leur justification, le projet de monarchie parlementaire promettait de mener à une modernisation dans la continuité. Cela ne changeait cependant pas fondamentalement leurs plans car l’essentiel était pour eux de détruire les Tokugawa. Mettant de côté les éléments modérés (Sakamoto Ryôma fut assassiné en décembre), ils poursuivirent leurs préparatifs. Le matin du 3 janvier 1868, les troupes de Satsuma, Chôshû et Aki prirent le contrôle des portes du palais, empêchèrent les nobles pro-Tokugawa d’y entrer et accueillirent les membres du Tobakuha pour une réunion impériale exceptionnelle où, au nom de l’empereur, fut confirmée l’abolition du shogunat mais aussi des charges traditionnelles de la cour (régent, ministres, conseillers etc.) qui existaient depuis plus de mille ans et étaient alors occupés par des pro-Tokugawa. Elles furent remplacées par de nouvelles fonctions attribuées à des princes anti-Tokugawa et à Iwakura Tomomi, l’âme du complot. Ce système fut plus tard aboli à l’heure de la normalisation. Les conjurés venaient de purger la cour de l’influence Tokugawa.
Les voix discordantes, comme celles de Yamauchi Toyoshige de Tosa, furent promptement réduites au silence sous la menace des armes et le nouveau conseil destitua Yoshinobu de ses titres de cour et lui ordonna d’abandonner ses fiefs (Jikan Nochi). Yoshinobu apprit le coup d’Etat depuis le château d’Osaka mais ne pouvait s’opposer à un ordre impérial, même s’il était évidemment partial. Il tenta de négocier une application partielle de l’ordre mais surtout tenta de convaincre les daimyôs importants de se rallier à lui et son projet de gouvernement face aux extrémistes. Il avait toute ses chances, de nombreux daimyôs hésitaient aux solutions radicales pouvant mener à la guerre, le groupe Sat-chô accepta même un début de compromis pouvant garantir la présence de Yoshinobu au gouvernement.
Dans le même temps ils organisèrent des provocations dont l’incendie volontaire du manoir de Satsuma à Edo, excitant les vassaux les plus radicaux des Tokugawa à la lutte ouverte. Yoshinobu ordonna le blocus de Kyôto mais son armée rencontra les troupes de Satsuma, Chôshû et Aki et se laissa être provoquée. Il en résulta la bataille de Toba-Fushimi du 27-29 janvier 1868 durant laquelle l’empereur autorisa (mais il est possible qu’Iwakura Tomomi forgea un faux à cette occasion) d’hisser la bannière de l’empereur. Cette bannière brodée portait le symbole du Soleil et donc de l’empereur, un tel emblème évoquait un passé antique où le tennô gouvernait. Il proclamait ainsi que l’armée de Satsuma, Tosa et Chôshû combattait pour et avec l’approbation de l’empereur, qu’elle était véritablement l’armée impériale. Les troupes des Tokugawa furent vaincues et se replièrent sur Osaka, marquant le début de la guerre du Bôshin que Yoshinobu avait essayé d’éviter.
Yoshinobu était alors à Osaka. Le 7 février, l’empereur ordonna de punir les Tokugawa, faisant de Yoshinobu un ennemi public. Cet ordre et le résultat des combats suffisaient à convaincre un nombre croissant de daimyôs à se ranger du côté de la cour contre les Tokugawa. Lorsque Yamauchi de Tosa protesta d’une bataille définie comme injuste, Iwakura lui proposa de rejoindre les Tokugawa, ce qu’il ne fit pas, laissant Satsuma et Chôshû utiliser ses troupes. Le lendemain Yoshinobu quitta en secret Osaka à bord du navire à vapeur shogunal Kaiyô Maru à destination d’Edo. Il abandonnait sur place son armée, ses emblèmes et le château qui fut incendié volontairement.
A son arrivée à Ueno, Yoshinobu se déclara en résidence surveillée pour répondre à l’ordre impérial. Il se confina dans le temple Kan’ei-ji d’Ueno en donnant pour instruction à un vassal, Kaïshû Katsu, de gérer la situation à Edo. Kaïshû Katsu faisait partie des critiques de Yoshinobu au sein du bakufu et ne se priva pas de donner son avis sur l’abandon de son seigneur. Yoshinobu venait en fait de se mettre hors-jeu, montrant qu’il n’avait aucune intention de résister et coupant à la base le moral et l’envie d’en découdre de la majorité de ses vassaux.
L’armée des Tokugawa était alors encore puissante et comptait résister face à l’avancée des troupes impériales vers Edo, risquant de faire de la ville un champ de bataille. Kaïshû Katsu négocia la reddition pacifique d’Edo en mai 1868, les vassaux décidés à continuer la lutte partirent vers le Nord tandis que quelques jusqu’au-boutistes combattirent lors d’un baroud d’honneur à la bataille de Ueno en juin (aujourd’hui le parc d’Ueno). Le domaine d’Aizu fut soumis plus tard dans l’année et le dernier réduit de résistance réfugié à Hakodate fut conquis en 1869, mettant un terme à la dernière guerre civile japonaise. A ce moment l’empereur Meiji avait déjà déménagé à Edo, rebaptisée Tôkyô et instauré un nouveau gouvernement sur le modèle occidental. Durant ces mois Yoshinobu avait disparu de la circulation.
Les Tokugawa après le shôgunat
La survie du clan
A la chute d’Edo, le nouveau gouvernement avait récupéré Yoshinobu et l’avait transféré à Mito pour poursuivre sa résidence surveillée. Il fut ensuite transféré à Sunpu (Shizuoka), le choix n’était pas innocent, c’était à Sunpu que Tokugawa Ieyasu avait passé ses dernières années au début de l’époque Edo. A Sunpu, Yoshinobu mena une vie éloignée des préoccupations, ses besoins étant assurés il s’intéressa aux arts occidentaux, en particulier la peinture et la photographie (mais il ne fut jamais très bon). Il tenta d’apprendre le français puis abandonna, se promena et chassa dans l’arrière-pays, une vie ennuyeuse d’homme aisé de province. Yoshinobu y resta pendant près de 30 ans pendant il observa de loin la modernisation du Japon par sa fenêtre.
Mais le retrait de Yoshinobu ne signifiait pas pour autant la fin du clan Tokugawa. Le clan shôgunal représentait avant la guerre le clan le plus riche du Japon avec le plus de terres et le plus grand nombre de vassaux. Le nouveau gouvernement ne pouvait tout simplement pas abolir les Tokugawa. Heureusement Yoshinobu avait eu la présence d’esprit de nommer un successeur à la tête du clan. Tokugawa Iesato (qui avait déjà été le candidat des opposants à Yoshinobu en 1866), de la branche Tayasu, devint le 16e chef de clan.
Iesato eu une longue vie, il ne décéda qu’en 1940. Il déclara un jour : « Yoshinobu a détruit la maison Tokugawa, je l’ai reconstruite. » Le jugement est sévère mais proche de la réalité. Il ne le fit pas seul. A moment de la création du gouvernement Meiji, les vainqueurs alliés de Tosa, Satsuma et Chôshû s’étaient répartis les rôles avec la noblesse de cour. La cour se concentrait sur les charges de gouvernement tandis que Satsuma investissait la marine de guerre et Chôshû l’armée de terre. Ces deux derniers clans rivalisaient dans la conduite des affaires mais après le départ de Saigô Takamori ce furent largement les hommes de Chôshû, Okubo Toshimichi en premier, qui dirigèrent l’administration du jeune Etat. Les gens de Tosa furent rapidement relégués dans l’opposition politique libérale. Aujourd’hui encore un nombre surprenant de politiciens japonais proviennent de la préfecture de Yamaguchi, l’ancien Chôshû, c’était le cas de l’ancien premier ministre Shinzô Abe. Le régime de Meiji était par bien des côtés aussi dictatorial que l’ancien shôgunat. Les appels à la création rapide d’assemblées locales furent ignorés, même le projet de « chambre des daimyôs » de Yoshinobu était plus avancé dans la voie parlementaire. Il fallut attendre pratiquement 20 ans pour que le Japon se dote réellement d’institutions politiques modernes.
Mais que ce soit Chôshû, Satsuma ou les nobles de cour, aucun n’avaient d’expérience réelle de gouvernement ou de contacts directs avec les consulats étrangers, seuls les Tokugawa avaient l’expérience de la gestion d’un Etat, de ses impôts, de son budget etc. Un bon nombre d’anciens vassaux des Tokugawa furent intégrés dans la nouvelle administration et y firent carrière. Même Takeaki Enomoto, l’amiral qui avait résisté en Hokkaidô, fut pardonné et devint ambassadeur, les exemples ne manquent pas. Les chefs de la famille Tokugawa eux-mêmes furent mis à profit, Iesato fut envoyé étudier en Angleterre mais à son retour il entra en politique, il fut nommé en 1884 prince (kôshaku), membre puis président de la chambre des pairs. Sa longue carrière en fit un diplomate qui côtoya les chefs d’Etat du monde entier avec de bons rapports avec les présidents américains successifs, il s’opposa à l’idée d’une future guerre avec les Etats-Unis. Il fut pressenti à plusieurs reprises au poste de premier ministre, seul son nom l’empêcha d’assumer la charge.
Proche de lui on peut trouver aussi la figure du baron Shibusawa Eiichi, ancien vassal direct de Tokugawa Yoshinobu, il avait participer à la création de la première banque du Japon et de son ministère de l’économie avant de fonder son propre conglomérat. Il est considéré comme le père du capitalisme japonais et fut un soutien constant de Tokugawa Iesato. Dans le domaine politique et économique les Tokugawa maintenaient un réseau de connaissance uni par leur ancienne appartenance. C’est par l’entremise de Shibusawa et de Tokugawa Iesato que Yoshinobu lui-même fut finalement libéré son assignation à résidence en 1897 avant d’être élevé à son tour au rang de prince en 1902 pour une maison Tokugawa séparée de celle de Iesato, les Tokugawa-Yoshinobu. Il alla rencontrer l’empereur Meiji l’année suivante mais se tint globalement en retrait jusqu’à retraite en 1910 et finalement son décès en 1913 alors que l’ère Taishô venait de débuter. Par respect pour l’empereur il se fit enterrer selon les rites shintô plutôt que bouddhistes (le shintô était devenu la religion d’Etat), c’est pour cette raison qu’il repose au cimetière de Yanaka, séparé des mausolées de sa dynastie au Zôjô-ji et au Kanei-ji.
La postérité de Yoshinobu
Durant toute la période Meiji Tokugawa Yoshinobu fut pratiquement oublié par les Japonais. Ceux qui s’en souvenaient exprimaient volontiers leur mépris. Ses adversaires se moquaient d’un ennemi qui avait fui en pleine bataille, l’accusant de lâcheté. Cette accusation se retrouva chez de nombreux anciens vassaux des Tokugawa, surtout parmi ceux qui avaient continué la lutte lors de la bataille d’Ueno et jusque dans l’Hokkaidô. Pour ces derniers Yoshinobu n’avait pas seulement été lâche, il avait tourné le dos à ses gens. La doctrine des Tokugawa concernant les vassaux depuis l’époque de Ieyasu avait été de prendre soin des vassaux, de les considérer comme le trésor de la maison Tokugawa pour en mériter la fidélité et l’éventuel sacrifice. En abandonnant, Yoshinobu avait aussi condamné ses vassaux à subir la loi du vainqueur, de leur faire perdre leurs maisons, leurs revenus, leur dignité et leur place dans la société. Que Yoshinobu passe le reste de sa vie dans une oisiveté aisée n’était pas pour améliorer son image. Il y avait là réellement de quoi ressentir de la rancoeur.
Cette rancoeur s’exprimait aussi chez d’anciens collaborateurs. L’ancien rôjû Itakura Katsukiyo déclara même regretter avoir travailler avec Yoshinobu. Malgré la grande intelligence de Yoshinobu, nombreux furent, comme Kaïshû Katsu, à critiquer sa rigidité, ses choix politiques et les difficultés de collaborer avec lui. Au sein du palais, dame Tenshô-in, la veuve de Iesada effaça totalement la place de Yoshinobu dans le clan pour éduquer et construire le jeune Iesato. On était loin de la réincarnation de Tokugawa Ieyasu dont on l’affublait à ses débuts. Tokugawa Yoshinobu devint rapidement le seul coupable de la chute du shogunat en oubliant les menées de ses adversaires et les années d’incompétences des rôjû,.
Cette détestation n’était cependant pas universelle, les gens d’Edo méprisaient Yoshinobu mais les habitants de Sunpu en avaient une meilleure opinion ainsi que dans d’autres anciennes terres des Tokugawa. La différence se retrouve dans la manière de le nommer, Yoshinobu est souvent utilisé par ses critiques d’une manière peu respecteuse. Au contraire les gens de Sunpu utilisent encore le nom de Keiki ou même Keiki-sama, qui était plus usuel de son vivant et plus respectueux. Les ouvrages utilisant un nom plutôt que l’autre proviennent souvent d’une tradition historiographique anti ou pro-Tokugawa.
Pourquoi déserta-t-il à l’heure du combat ? Il est difficile d’y répondre mais la question lui fut posée. A la fin de la période Meiji, alors qu’il avait été libéré et qu’il avait déménagé à Tôkyô, le baron Shibusawa voulut lui permettre de s’exprimer en préparation d’une grande biographie. Des réunions, sekimukai, avec d’anciens vassaux furent organisées pour rassembler et confronter ses souvenirs. Les notes prises furent ensuite éditées par Shibusawa Eiichi en 1918 dans le libre Tokugawa Yoshinobu-ko Den. Outre ses opinions sur ses contemporains de la chute du shôgunat Yoshinobu essaya souvent de détourner les questions gênantes mais laisse transparaître sa personnalité.
D’un côté il semble avoir été conscient de la situation militaire. Même s’il avait tenu le château d’Osaka il aurait fait face à l’armée de ses ennemis qui se serait rapidement trouvée renforcée par d’autres domaines obéissant au décret impérial appelant à sa punition. Osaka était donc de toute manière perdue. On ne sait pas s’il comprit la portée symbolique de son départ mais il devint ensuite rapidement clair que continuer la lutte ne mènerait qu’à prolonger la guerre civile. Sa réclusion volontaire aurait alors été un moyen de mettre un terme rapide à une guerre qu’il considérait comme perdue.
Ces arguments pourraient être des justifications a posteriori, plusieurs historiens ont aussi voulu mesurer le poids de l’éducation de Yoshinobu par le Mitogaku. Son respect de l’empereur inculqué depuis l’enfance a pu le mener à ne pas combattre une armée arborant son emblème et à finalement obéir à l’ordre impérial le destituant. On peut aussi y voir une influence du Tôshôgu Goikun (le « testament de Ieyasu ») un texte rédigé par Ieyasu lui-même à Sunpu dans ses dernières années et dans lequel le fondateur plaçait la sauvegarde de la paix du Japon au premier rang de ses motivations, avant le bien de son clan. L’armée des Tokugawa était prête à résister tout le logn du chemin menant à Edo, disposant d’armes et de châteaux, des plans de résistance à outrance étaient établis mais poursuivre le combat aurait prolongé le conflit et transformé les provinces et Edo même en champ de bataille. Une guerre civile japonaise se serait faite au profit de l’influence étrangère en faveur de chacun des camps. La victoire par abandon de la jeune armée impériale a véritablement représenté une chance pour le Japon et des historiens comme Fukuchi Genichiro (ancien vassal des Tokugawa) dans le Bakufu Suiboron (1884) considère que c’est la reddition pacifique d’Edo qui scella réellement la sort de la guerre plus que la bataille de Toba-Fushimi.
Produit d’une éducation stricte, homme de principe dépassé par les évènements les récompenses accordées par l’empereur Meiji à la fin de sa vie témoignent cependant d’une reconnaissance de son rôle dans une transition politique pacifique. Durant le reste de la période Taishô et avec la montée du militarisme, Yoshinobu était vu selon le prisme du bushidô à la sauce impériale comme ayant trahi la morale guerrière, cela resta l’opinion dominante jusqu’à la guerre. Il fallut attendre l’après-guerre pour voir sa réhabilitation.
En 1967, le romancier-historien Shiba Ryôtaro publia Le Dernier Shôgun (traduit en France par les éditions Picquier) qui reprenait pour l’essentiel des détails et la trame de la biographie de 1918. Elle contribua à populariser l’image d’un Yoshinobu qui se serait sacrifié pour la paix en rejettant sa morale et sa dignité guérrière. Non plus le dernier tyran du Japon mais une des personnalités complexes ayant conduit le Japon vers la modernité. Ce genre de discours était adapté à une histoire du Japon d’après-guerre débarassé du militarisme, il se retrouve désormais dans la plupart des productions de romans et de livres faisant intervenir le dernier shôgun. Les historiens eux-mêmes en sont venus à réévaluer son rôle politique comme ses décisions qui enclenchèrent la modernisation et l’industrialisation du Japon déjà avant 1868. Son projet politique de gouvernement d’union nationale après sa rétrocession du pouvoir est aussi considérée comme une solution viable permettant le compromis qui n’échoua que par l’intransigeance de ses adversaires et les manipulations des plus retors parmi ces derniers.
D’abord vu comme un génie, un potentiel sauveur du shôgunat puis un tyran et enfin un lâche pour devenir aujourd’hui un héros aux yeux d’un Japon pacifié, Tokugawa Yoshinobu reste un personnage aux nombreuses facettes au sein d’une époque troublée. Il est difficile d’imaginer que le dernier shôgun ne s’éteignit qu’il y a 111 ans à peine. Il est aussi difficile d’imaginer un ancien souverain renversé mais passant ensuite les quarante années suivantes à jouir tranquillement de sa retraite à contempler le Japon se construire, ce n’était pas le plus mauvais destin pour un monarque déchu.